Dès ses premiers travaux, au début des années 1980, il pose ses principaux axes de travail avec les premières photographies qu’il réalise de sa compagne Monique ou de sa grand-mère Ernestine, dont la valeur esthétique radicale à travers le prisme d’un réalisme sans concession est toujours actuelle. En 1984, il rencontre Florence Chevallier et Jean-Claude Bélégou et forme de 1986 à 1991 le groupe Noir Limite qui revendique un travail sur les limites de la photographie. Le groupe publie plusieurs manifestes et présente des performances, des expositions, dont certaines, comme Corps à corps, feront à ce point scandale qu’elles seront censurées. Il est défendu dès le départ par Bernard Lamarche-Vadel, et sa puissance formelle vient d’être remise sur le devant de la scène par Michel Poivert, deux critiques incontournables de la photographie française.
Avec une précision d’entomologiste dressant une collection d’objets d’étude, Yves Trémorin développe, depuis lors, une œuvre rigoureuse dans ses procédures et ses procédés, utilisant le médium photographique dans sa spécificité propre, isolant ses sujets sur un mode fragmentaire. Mis en scène dans un dispositif paramétré, extraits de tout indice contextuel, spatial ou temporel, affranchis de toute anecdote, ils deviennent, dans ses images d’un extrême dépouillement, autant d’emblèmes, de figures mythologiques ou d’objets symboliques.
Images : Série Houyhnhnm © Yves Trémorin
Résidence 2022 au Champ des Impossibles